Le tourisme durable, c’est d’abord et toujours du développement économique. C’est par cette sacro sainte dynamique de la création d’activités productives que l’on attend le progrès, l’épanouissement de l’homme. En conséquence, le patrimoine naturel et culturel des parcs et autres espaces protégés ne peut pas être considéré autrement que comme une ressource, un capital à fort potentiel touristique (principe n° 1 de la charte). L’existence d’un marché est même considérée comme un mode de valorisation des ressources naturelles. C’est peut-être même une chance (cf. la sauvegarde de la faune africaine dans des parcs justifiés et alimentés par le tourisme ; et plus près de nous, la nouvelle mode des produits du terroir annoncés biologiques). Le tourisme durable est un nouveau fonds de commerce, un nouveau créneau, avec ses produits, ses circuits de commercialisation, sa publicité...
Cependant, le tourisme durable innove parce qu’il recommande des pratiques nouvelles (comme le camping nature et esthétique) , en terme environnemental et social. Il suppose bien sûr la préservation du patrimoine naturel (principes 2 et 3). Il reprend le postulat que le tourisme « contribue de manière positive au développement économique local », mais pas à n’importe quelles conditions : il s’oppose implicitement aux implantations ex nihilo, et recommande une intégration dans l’économie locale (principe 4) ; il prône un équilibre entre tourisme et autres activités, dites traditionnelles. Le développement est ici envisagé d’une autre manière, peu intensive, en relation avec les autres activités, dans le respect des touristes et des accueillants. Il reconnaît de nouvelles formes d’emploi, est attentif aux conditions de travail des salariés et à l’accueil des clientèles.
Le tourisme durable apparaît comme une variété de développement local, respectueux de l’environnement, des hommes, mais c’est toujours du développement économique. Face aux abus et à la perversité du tourisme de masse, les promoteurs du tourisme durable veulent moraliser une activité commerciale, ou mieux, ils ont l’intention, tout au moins dans certaines versions, de redonner du sens à l’activité économique, à remettre l’économie au service de l’homme (Teyssandier, 2000).
Cette proposition de développement n’est pas simple à mettre en œuvre. Ses promoteurs proposent une stratégie et des méthodes adaptées : « il s’agit d’une approche globale ... qui doit donc se fonder sur un diagnostic complet des besoins d’un territoire et de ses potentiels touristiques » ; « il faut planifier, gérer et évaluer régulièrement »