La diversité des modes de développement du tourisme rural (21/09/2018)

Le tourisme est devenu un enjeu important, en termes de loisirs, d’emploi, d’aménagement du territoire ; on a donc voulu le rationaliser, en partant du constat que l’offre dispersée, disparate, était incapable de répondre à la modernisation nécessaire et à la demande. Il est évident que cette rationalisation, à travers les plans successifs d’aménagement du territoire, les diverses procédures de développement local, nationales et européennes, ont permis de multiplier et d’adapter l’offre aux attentes diverses des clientèles.

Toutes les techniques et méthodes de tourisme rural qui sont conseillées résultent de l’analyse de situations, de réussites et d’échecs ; elles proposent d’éviter des problèmes récurrents, elles donnent des idées à adapter à son cas particulier ; elles corrigent des erreurs commises par des professionnels qui ne sont pas toujours compétents.

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Mais il faut bien constater qu’elles ne correspondent pas forcément aux manières de faire des professionnels. Elles satisfont les investisseurs d’équipements lourds, les gestionnaires d’entreprise, petite ou grande ; mais elles sont étrangères aux créateurs de petites entreprises (comme ceux dont nous avons décrit la démarche ci-dessus) et à tous ces prestataires qui travaillent sur un mode artisanal pour le plaisir de partager leur passion.

Cette rationalisation souffre d’un vice rédhibitoire, celui de vouloir penser à la place de l’entrepreneur. Elle assène des vérités, pour les objectifs à suivre comme pour les méthodes à appliquer. Quel que soit le bien fondé des propositions, tout entrepreneur fier de son indépendance ne peut les accepter en tant que telles, parce qu’il ressent un besoin vital d’être acteur des choix qui le concernent.

Dans la situation de décalage actuel, les professionnels ont tendance à vouloir supprimer ces organismes de développement « qui ne servent à rien » ; inversement, les techniciens ont tendance à éviter des professionnels « qui ne comprennent rien ». Pourtant le développement est toujours et de plus en plus une articulation entre des acteurs locaux et des acteurs extérieurs, entre des professionnels et des institutions. Les tensions sont permanentes et peuvent être des forces de progrès.

La rencontre entre techniciens et professionnels du tourisme rural suppose de reconnaître la diversité des acteurs et des modes de développement, au-delà des variantes d’un même modèle, et de redonner les responsabilités du changement social à l’ensemble des acteurs concernés. La notion de tourisme durable peut y contribuer puisqu’il recommande d’« impliquer les habitants des territoires dans les processus de décision ». (principe n°5 de la charte européenne de tourisme durable).

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